Le dernier né de Nakache -Toledano nous fait encore passer par des moments forts, mais sans appuyer autant que le précédent sur la touche comique. Quand cette touche est activée, cependant, ça marche, et heureusement car il faut bien ces intermèdes comiques récurrents pour digérer une quasi overdose d'émotion. Le rythme est soutenu, pas de répit pour les éducs et les référents, toujours à répondre dans l'urgence pour essayer d'enrayer les explosions de leurs protégés. Leur mission est belle, leur abnégation est exemplaire, leurs petits résultats sont des bouffées d'oxygène, des fanions d'amour envers et contre tout. Moi qui, en tant que thérapeute, ai longtemps utilisé les chevaux avec les jeunes handicapés physiques dont j'avais la charge, j'ai notamment été bouleversé par les séquences tournées dans un poney-club. Mais (car il y a un mais) si le propos est d'attirer notre attention sur les carences étatiques en matière de prise en compte de l'autisme, il aurait été mieux conclu par une dernière partie de film construite plus sobrement. Dans cette dernière partie, non contents de chercher à nous emmener dans un suspense peu crédible à partir d'un avatar invraisemblable (
l'errance d'un autiste sur une voie d'abord du périphérique
), selon moi le duo de réals gâche un peu une séquence de danse qui aurait pu être magnifique, à force de l'étirer en longueur et de la surligner par une bande-son trop envahissante. Excès de pathos contre-productif, pour le coup ! C'est dommage, même si le message de générosité l'emporte globalement grâce à toutes les scènes réussies, où l'investissement évident de tous les acteurs crève l'écran (il faut d'ailleurs saluer les excellents complices Cassel et Kateb, Hélène Vincent et tous ceux qui, acteurs ou non, incarnent les autistes et les référents). Dommage, donc, que la surenchère brouille un peu les pistes, au point que j'hésite à définir l'impression finale que me laisse ce film accrocheur : plaidoyer sincère et poignant ou tire-larme lucratif et complaisant ? A chacun de se faire une opinion. Quoiqu'il en soit, ça vaut le déplacement...